Chaque année, à la convention de FSA, Jacques Bothelin fait le point sur les incidents et accidents survenus dans le monde lors de manifestations aériennes, en s’appuyant sur les travaux de Des Barker, un ex-général de l’armée de l’Air sud-africaine qui analyse ce domaine depuis des années. Sa base de données compte 1.320 événements depuis 1908 à nos jours. En 2003, il a édité sur le sujet un ouvrage intitulé « Zero Error Margin ».

Avec 28 accidents en moyenne par an sur les dix dernières années, l’année 2017 restera dans la moyenne avec 30 événements enregistrés (7 pilotes tués et 2 grièvement blessés), sachant qu’il s’agit de petits nombres mais avec un taux d’accidentologie élevé si on le compare aux chiffres de l’aviation commerciale, surtout en prenant en compte la différence du nombre d’heures de vol entre les deux activités… La protection du public semble correctement assurée avec un seul spectateur blessé – suite à un fragment de l’hélice d’un Spitfire se retournant au décollage, en France.

Si l’accidentologie s’est améliorée de 2010 à 2014, avec un pic de 41 accidents en 2010, le « point bas » de 2014 (19 événements) n’a pas été tenu et ces trois dernières années, le nombre d’accidents n’a fait que croître. Des erreurs de jugement de la part du pilote sont la cause principale, dans un domaine à risques (proximité du sol, pression temporelle, incidence des conditions météo, gestion évolutive de l’énergie, présence du public, etc.).

Dans les facteurs cités comme causes, figure la facette mécanique (à hauteur de 34% tout en notant que 45% des accidents ont concerné des aéronefs anciens), suivie des pertes de contrôle (23%), la collision avec le sol (13%), la collision en vol (10%), un problème structurel (7%), FIO (7%) et environnemental (3%). Aucun accident lié à des figures gyroscopiques n’a été enregistré « pour la première fois depuis de nombreuses années ».

Si en moyenne 77% des accidents surviennent durant la manifestation aérienne contre 23% durant les entraînements, l’année 2017 s’est distinguée avec 90% des accidents. Les causes pourraient être la pression sur le pilote de mener sa démonstration dans de mauvaises conditions atmosphériques, augmentant son stress, diminuant ses marges de manoeuvre. Lors des entraînements, la pression temporelle est moindre ou inexistante. Ce peut être aussi des entraînements non menés dans les conditions réelles du meeting, suite à des limitations réglementaires (hauteur de survol).

Si l’on prend les catégories d’appareils, les warbirds arrivent en tête avec 23% des accidents mais suivis des chasseurs à réaction modernes (17%). Les 60% restants se répartissent en de nombreuses catégories : hélicoptère, avion de construction amateur, jet d’entraîneemnt, monoturbopropulseur d’entrainement, avion léger, jets anciens, turbopropulseurs de transport, amphibie, parachutiste, etc.

Les 30 accidents enregistrés en 2017 sont intervenus dans 15 pays, dont 8 en Grande-Bretagne et 6 aux Etats-Unis. C’est la première fois que la Grande-Bretagne arrive en tête, devant les USA, alors que le nombre de meetings doit être trois fois plus important outre-Atlantique. Ceci relativise au passage l’organisation des meetings en Grande-Bretagne, avec les Display Autorisations, dans un pays à forte culture aéronautique.

Deux accidents sont survenus en Australie, Russie et au Canada tandis que l’Espagne, l’Autriche, l’Italie, la France, l’Afrique du Sud, la Belgique, la Suisse, Israël, l’Inde et la Thailande ont connu un accident chacun. Mais aucune statistique ne permet une comparaison en terme d’heures de vol durant les entraînements et les meetings, ni la prise en compte des convoyages qui peuvent être également « critiques » pour atteindre le lieu de la manifestation…  ♦♦♦

Le résumé des 30 accidents survenus en meeting en 2017 est le suivant :
1) Un parachutiste fait un atterrissage dur, sa voile ayant sans doute été déventée par un autre parachutiste après du voile-contact.
2) Un Saab Gripen effectue un tonneau à basse hauteur mais sur une trajectoire trop plate, avec un taux de roulis trop faible. Une cause récurrente…
3) Un Grumman Mallard décroche lors d’un virage à basse hauteur, avec perte de contrôle.
4) Un Chance-Vought Corsair se pose sur le ventre suite à un problème hydraulique.
5) Un Pilatus PC-7 de la Patrouille suisse coupe un câble retenant une caméra lors d’une compétition de ski à Saint-Moritz.
6) Atterrissage d’urgence d’un T-6 au Sun’nFun après des problèmes moteurs.
7) Rétraction du train principal gauche d’un Cessna 310 à l’atterrissage au Sun’nFun.
8) « Touchette » en vol de deux F/A-18 Hornet des Blue Angels.
9) Collision en vol de deux C-130 Hercules lors d’une vol en patrouille.
10) Ejection dans le cockpit de la radio lors d’une présentation en vol sur Pitts Special.
11) Panne moteur et atterrissage forcé d’un Silence Twister.
12) Panne moteur et atterrissage forcé pour la réplique d’un Avro 504K.
13) Cheval de bois pour un Super Cub.
14) Collision du rotor principal d’un Bell Cobra avec un bâtiment.
15) Atterrissage volontaire sur le ventre d’un De Havilland Sea Vixen après perte du système hydraulique.
16) Décès d’un parachutiste après ouverture incomplète de la voile.
17) Atterrissage dur avec frottement de l’aile gauche au sol d’un Supermarine Seafire.
18) Atterrissage forcé hors aérodrome d’un Gloster Gladiator après panne moteur.
19) Passage sur le dos d’un Spitfire XIX à la mise en puissance au décollage.
20) Passage sur le dos d’un F-16 après un atterrissage à trop grande vitesse.
21) Autorotation jusqu’au sol lors d’une tentative de looping avec un Bristell NG5.
22) Eclatement de la verrière d’un P-51B Mustang lors d’un passage grande vitesse.
23) Atterrissage forcé hors aérodrome d’un P-51D Mustang à Duxford.
24) Passage sur le dos d’un T-6 après la rencontre d’un obstacle à proximité de la piste.
25) Incendie de la roue avant d’un CT-114 Tutor en fin d’atterrissage.
26) Collision avec le sol d’un Antonov AN-2 Colt après un tonneau barriqué. Le CdN de l’avion était expiré depuis 6 ans. L’avion n’est pas autorisé à la voltige. Le pilote n’était pas qualifié sur la machine.
27) Suicide supposé d’un pilote d’un Agusta 109. Le copilote pose la machine.
28) Collision en vol de deux P-51 Mustang volant en formation.
29) Crash d’un Eurofighter Typhoon italien lors d’une présentation au-dessus de la mer.
30) Crash d’un Eurofighter Typhoon espagnol au break en fin de présentation.