De retour de la convention de France Spectacle Aérien (FSA).

En complément des présentations sur l’évolution prévue pour la réglementation des meetings et l’accidentologie des manifestations aériennes dans le monde, la convention de FSA à Ecully, le 1er décembre, a permis d’évoquer d’autres sujets relatifs au monde du meeting. 160 personnes étaient présentes à Ecully dont 110 aux ateliers du vendredi 30 novembre. Voici un résumé de quelques présentations lors de la convention du samedi. 

– We love aero : avec le soutien d’Airbus, Nicolas Piot et quelques informaticiens ont développé une application qui se veut être une plate-forme digitale au service des meetings. Elle vise à diffuser des information à tous les publics concernés, avant, pendant et après le meeting. Il s’agit de monétiser ce dernier via une application sur smartphone. De conception modulaire, le principe est de remplacer la plaquette ou le programme en papier avec une application informatique. Peuvent apparaître le plan de circulation autour de l’aérodrome, le plan du site avec les parkings, le programme réactualisé en temps réel, des fiches de présentation des machines et des pilotes, des actualités via les réseaux sociaux, des vidéos, des infos pratiques (WC, restauration, secours, parkings), une présence plus efficace des partenaires, etc. Le logiciel a déjà été expérimenté en 2018, notamment lors du meeting de Roanne. L’objectif est de mieux « vendre » la manifestation, ce qui pourrait être bénéfique pour assurer le budget, payer correctement les pilotes de présentation, ceux-ci pouvant par ricochet mieux s’entraîner et assurer un meilleur entretien des machines. Il est rappelé que 200 manifestations sont compatabilisées chaque année en Europe pour 8 millions de visiteurs à comparer aux 370 manifestations aux Etats-Unis avec 12 millions de visiteurs.
https://www.welove.aero/fr

– Forces armées : qu’il s’agisse de l’armée de l’Air (LCL Aurélien Hazet de la division Manifestations aériennes ou de la Marine nationale et son Aéronavale (LV Clémence Festal), les objectifs recherchés lors d’une présence à un meeting sont de « rayonner » et de « recruter ». L’armée a donc besoin des meetings pour obtenir une visibilité et toucher le public visé afin de recruter. Avec la crispation des budgets, les moyens sont concentrés et il faut donc savoir valoriser son événement car la demande est forte : 500 demandes par an pour l’armée de l’Air avec 55 à 60% des dossiers retenus. Si l’armée de l’Air dispose de ses ambassadeurs permanents (PAF, Rafale Solo Display, EVAA) et semi-permanents (Alphajet Solo Display, A400M, parachutistes de l’EPCAA), la Marine ne dispose pas d’équipe de présentation et sa présence dépend des opérations en cours. Dans les deux cas, les plannings ont été « remontés » dans le temps avec des demandes à faire avant novembre de l’année précédente. La validation se fait généralement en décembre au niveau de la programmation mais il faut ensuite attendre la validation définitive du ministère de la Défense, qui peut être tardive !

– Culture de la sécurité et facteur humain en manifestation aérienne : le thème de la convention était la « culture de la sécurité », l’occasion pour Frédéric Akary et Christophe Brunelière d’aborder ces sujets. L’appréciation des risques est capitale mais elle peut être différente selon l’acteur concerné (pilote, directeur des vols, organisation, administration). C’est donc une connaissance collective à partager, les retours d’expérience étant de « l’expérience accélérée par cumul des autres ». Trois méthodes peuvent être retenues : 1) la méthode passive en comptant sur la chance ! 2) la méthode réactive avec les retours d’expérience (Rex), 3) la méthode pro-active en anticipant… La sécurité des vols est l’affaire de tous, avec une chaîne allant de l’organisateur au pilote en passant par le pistard, dont chaque maillon a son importance. La sécurité peut aller se loger dans des détails, de l’arrivée à temps d’un groupe de parc pour respecter un « créneau de vol » au choix de l’hôtel afin que les pilotes de présentation puissent être au calme et donc en forme le lendemain pour leurs présentations. Jacques Bothelin sur plusieurs points : facteurs humains, assurance, débriefing (recommandation d’un coach), analyse des trajectoires, une fiche d’extraction du pilote en cas de secours, des protections (combinaison, gants, casque, etc.). « Il ne faut pas s’installer dans le déni du genre : Les règles, les accidents, c’est pour les autres ». Et de citer Bob Hoover : « Il n’existe pas de nouvelle manière de se tuer, on ne fait que reproduire les mêmes erreurs, encore et encore »… FSA envisage la mise en place d’un système de Rex et la diffusion de guide sur les « bonnes pratiques ».


– Spotters : à écouter les représentants de deux associations travaillant ensemble (Les DCA et Spot’Air), il ne faut pas les oublier ou les considérer comme « une contrainte » mais en faire des partenaires. Les 160 membres des deux associations ont couvert 95% des événements en 2018 et la base de données compte plus de 200.000 photos. Un partenariat donnant-donnant est possible pour accompagner un organisateur dans sa communication (communiqués, dossiers de presse, affiches, réseaux sociaux).

– Présentation, santé et fatigue : c’était le thème de la présentation du Dr. Stéphanie Michel (service de Santé des armées, BA701 de Salon-de-Provence). Il fut question de santé physique et mental, avec une baisse de la performance humaine, notamment par hypovigilance. Un bon sommeil est primordial (5 à 6 heures mini) sinon le temps de réaction s’allonge et les erreurs s’accumulent. Cela peut jouer sur la mémoire, l’attention, l’humeur, la capacité à anticiper. Il faut prendre en compte les rythmes circadiens. Méfiance à la déshydratation qui diminue la capacité en terme de facteurs de charge. Les contre-mesures sont une bonne hygiène de vie avec sommeil, alimentation et activité physique au programme. Les écoles de l’armée de l’Air utilisent le TOP, Technique d’optimisation du potentiel.



– Sécurité incendie et secours aux équipages : pour Frédéric Massip et Jean-Yves Cassier (SDIS-SSLIA), les risques de sont de plusieurs natures (crashes, risque terroriste ou malveillance, mouvement de foule, incendie…). L’organisateur doit se préparer à gérer des urgences. Ceci nécessite une anticipation avec prise de contact en amont avec les services départementaux incendie et secours (SDIS) dont l’avis technique est primordial pour l’obtention de l’autorisation préfectorale. Si différents véhicules d’intervention sont sur place, un 4×4 équipé de plusieurs extincteurs avec des intervenants sachant s’en servir demeure un bon atout. Des fiches d’extraction des pilotes sont recommandés. Elles permettent aux équipes d’intervention d’assurer la récupération d’un pilote en prenant en compte les spécificités d’une machine (harnais, siège éjectable, fusée pyrotechnique d’un parachute intégral, etc.). Ne pas oublier le rôle du commentateur en cas de « crise » à gérer.


– Sécurité et meeting : Christophe Durand (université de Caen) et Florian Kerzhero (CISPE Group) ont évoqué le thème « Manager la fonction sécurité d’un événement », avec des comparaisons avec des grands événements non-aéronautiques. Une manifestation aérienne est « complexe », avec une pression administrative pour augmenter et donc facturer les moyens de sécurité à mettre en place. Une standardisation des normes s’impose sachant que le public des meetings est « bon enfant » comparé aux fans de certaines équipes de football ou de concerts. CISPE Group développe un logiciel pour modéliser le processus de sécurité d’un événement.   ♦♦♦

Texte et Photo de Une François Besse AéroVFR