Le CAP 10, appareil bien connu des amateurs de voltige aérienne a vécu dernièrement, et en seulement quelques heures, deux événement venant confirmer le statut unique de cet avion au sein du patrimoine aéronautique national. En Grande Bretagne, à l’occasion d’une fête aérienne sur l’Aérodrome d’Old Buckenham, le Français Christophe Simon a été distingué pour sa parfaite démonstration sur son appareil… et, au mois de juillet dernier, à Bernay, siège de l’usine qui mit ce biplace mythique au monde, le CAP 10 n°1 a été classé monument historique !  Il est grand temps que FSA rende hommage à ce petit monoplan ayant formé tant de pilotes qui se produisent encore aujourd’hui dans nos meetings aériens.

Au-delà du classement de son 1er exemplaire, c’est l’occasion de se rappeler ce qu’a représenté le CAP 10 au cours de sa longue carrière qui se poursuit aujourd’hui dans de nombreux spectacles aériens, et en compétition biplace.. Les rédacteurs du site aéronautique “Avions Légendaires.net” retracent parfaitement la genèse et la carrière de ce bon serviteur des écoles de voltige. Laissons la parole à Avions Légendaires :

   

“En 1970, Auguste Mudry créa le premier Cap.10 (CAP pour Coopérative des Ateliers Aéronautiques de la région Parisienne). Le Cap.10 était un avion d’entraînement à la voltige inspiré du célèbre Emeraude de Claude Piel (photo ci-contre). La mise au point du CAP 10 prit fin en septembre 1970 et rapidement débuta la production en série du CAP.10B. De 1970 à 1997, 282 Cap.10B ont été produits. Une partie non négligeable sera destinée aux marchés militaires pour l’entraînement des pilotes. Ce monoplace à aile basse cantilever, construit en bois et en toile, était l’avion école de voltige par excellence, le modèle 2 places de la longue lignée des avions Mudry tels que les Cap.21, 230, 231, 231EX, 232 et récemment le 222. Cet avion très polyvalent et exigeant permet la découverte du train classique, le perfectionnement, l’étude des mises en garde, l’écolage voltige et la pratique en compétition du niveau Espoir au Championnat de France biplace.

 

Dès son apparition, l’appareil fut un succès, et fut logiquement évalué par l’Armée de l’Air. A la mi-1980, 225 Cap.10 et Cap.10S (version destinée à l’Aéronavale) avaient été livrés à travers le monde, dont l’Armée de l’Air qui en commanda 56 et la Marine, 6 exemplaires. Les premiers appareils furent utilisés par l’Ecole de l’Air et l’Équipe de Voltige Aérienne de Salon-de-Provence, l’École des Moniteurs à Clermont-Ferrand et le Groupement-École 315 à Cognac. Quelques appareils sont encore utilisés par l’armée de l’air mexicaine (20 avions) à Zapopan et par l’armée de l’air Marocaine. L’attention des forces aériennes françaises et étrangères fut attirée par les capacités de l’appareil, entre autres la possibilité d’effectuer des manœuvres acrobatiques sous des facteurs de charge compris entre + 6 et – 4,5G. Il fut utilisé par l’EVAA/GI 312, unité de formation de voltige aérienne où il donna toute satisfaction. L’EVA, (Equipe de Voltige Aérienne) devenue par la suite l’EVAA (Equipe de Voltige de l’Armée de l’Air) , puis depuis peu l’EVAAE (Equipe de voltige de l’Armée de l’Air et de l’Espace) a ensuite remplacé ses Cap.10 par ses descendants, le Cap.232, dernière évolution des Cap.230 et 230 issus eux aussi du Cap.10. Elle vole aujourd’hui sur un appareil allemand : l’Extra 330 SC.

 

Le Cap 10B, évolua vers le Cap 10C avec un longeron en carbone en lieu et place du bois, lui permettant un taux de roulis plus important et surtout permet une plus grande marge de manœuvre et de sécurité en voltige. Cependant, cette évolution a modifié le comportement de base de l’avion. Au milieu des années 80, la production atteignait le nombre de 225, total conséquent pour ce type d’avions. Les clients civils d’une vingtaine de pays avaient pris livraison de ces appareils. “

Cet appareil français, au départ conçu en bois et toile, a permis à la fois de sélectionner des pilotes militaires (c’est encore le cas pour la Marine Nationale dont la dernière commande de 2 exemplaires neufs date de 2021) et de former des générations entières de pilotes de voltige, civils et militaires. Désormais construit en carbone, il permet le maintien de compétences des pilotes professionnels aux «  situations inusuelles » (Upset Prevention And Recovery Training ). Quelques modèles ont aussi été adaptés pour permettre, grâce au travail de Dorine Bourneton, à des pilotes handicapés de pratiquer la voltige aérienne.

Mais le CAP 10, c’est aussi le premier d’une longue lignée qui comprend, entre autres, le Cap 20, et les versions monoplaces CAP 230, 231 et 232 qui a longtemps tenu le haut des podiums. Les avions Mudry ont aussi animé quelques années des  patrouilles acrobatiques. Dès 1978, Jacques Bothelin créa la petite patrouille “Les Apaches(du nom de son chien qui affectionnait particulièrement la voltige, au point que son maître lui avait fait confectionner un harnais spécifique…), Alors que les Apaches changeaient de machine pour adopter le SF 260 Marchetti Italien,  vint le temps d’un nouveau duo CAP 10, constitué de Claude Lelaie et Denis Legrand, tous deux pilotes au centre d’Essais en vol, qui se firent une spécialité de la “boucle en miroir” à bord de leurs deux CAP 10 qui constituaient la patrouille des Porthos. (nom de baptême choisi comme un clin d’oeil à la Patrouille de France dont les l’indicatifs radio est Athos),   Aux Etats Unis, Daniel Héligoin et Montaine Mallet, dépositaires de la marque d’Auguste Mudry et revendeurs des produits “made in Bernay”  créèrent la “French Connection” avec deux appareils… Quelques années plus tard, Marianne et Adam Shaw, sur ce modèle et en hommage à ces grands pilotes disparus, créèrent les Captens, qui se produisirent longtemps dans les meetings Européens, toujours avec le même succès.  Au Maroc, la patrouille nationale “Marche Verte“, longtemps leadée par le français, Jean-Pierre Otelli a débuté également sur CAP 10.

Un tableau de bord “à l’ancienne” où les écrans n’ont pas encore remplacé les “pendules” !…

Passage des Captens en formation dans le ciel de Francazal © DR

Actuellement, les Condor Acier (opérée par la Marine nationale), reste la seule formation encore active sur notre territoire.

Actuellement, les Condor Acier (opérée par la Marine nationale), reste la seule formation encore active sur notre territoire.

 

Aujourd’hui ce sont des appareils allemands, des Extra 330 qui dominent les compétitions et ont été adoptés en France. Mais notre pays n’a pas dit son dernier mot.Ainsi, près de Toulouse, Aura aéro prépare un nouvel appareil biplace de voltige. Un successeur du CAP 10 ? Seul l’avenir nous le dira.

Guillaume Rochette