Cette chronique du Dimanche matin dans Aérobuzz est désormais rituelle… Revenant sur un fait divers , ou sur un sujet plus fondamental, Gil exprime son opinion et soulève les questions que beaucoup de lecteurs se posent, sans pouvoir toutefois les exprimer aussi publiquement. Cette semaine, le billet “Dépose Minute”, s’appuyant sur l’aventure récente survenue au Moynet Jupiter, le prototype du Push-Pull Français restauré en vingt années par le Musée d’Angers pose la bonne question et donne à réfléchir : Faut-il faire voler les pièces uniques du patrimoine aéronautique ou les garder précieusement abrités dans un musée ? 

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ATTENTION FRAGILE ! 

Cela aurait pu être beaucoup plus grave. Le moteur va devoir être disséqué pour évaluer précisément les dégâts causés par cet atterrissage sur le nez. Mais le Moynet Jupiter est réparable. A Angers-Marcé, rien d’impossible ! Il suffit de se souvenir dans quel état les orfèvres du musée ont récupéré cette relique pour s’en convaincre. Vingt ans d’huile de coude, d’ingéniosité et de détermination leur auront été nécessaires pour remettre en état de vol, le push-pull français. Nous pouvons leur faire confiance, après un arrêt à l’atelier, le Moynet revolera ! D’autres aéronefs de collection ont eu moins de chance. Certains ont fini en cendres.

Il ne s’agit pas de dresser, ici, la liste des machines irremplaçables disparues à jamais. Mais de saluer l’audace de ces passionnés prêts à prendre le risque de tout perdre pour faire revivre un monument historique. Sans oublier non plus que ce choix divise les conservateurs du patrimoine aéronautique.

Trop précieux pour risquer de le détruire. Sa place est au musée, pas en meeting aérien. Pour les uns. Le vol est l’aboutissement de la restauration. Pour les autres.

La plus spectaculaire des muséographies ne remplacera jamais une présentation en vol. C’est sûr ! Il manquera toujours le son et l’odeur qui donnent sa vraie dimension à une machine volante d’une autre époque. L’intensité de l’émotion est à ce prix.

Gil Roy