La Patrouille Tango Bleu qui, depuis 2002 se produit en meeting aérien avec deux hélicoptères Robinson R22 sur un air de tango est en deuil… La “famille” des spectacles aériens aussi ! Koy Sakuna Kok est décédé mercredi 2 juin. La maladie qui l’affectait a éteint à jamais son sourire éclatant, sa joie de vivre et son talent. Il aurait eu 54 ans dans 8 jours !
Il était pharmacien et passionné de voilures tournantes. Fin pilote, il fut rapidement repéré dans les années 2000 par Thierry Basset, alors entraîneur de l’Equipe de France pour intégrer l’équipe, une confiance du « boss » qui lui permit de se hisser à la 3ème place mondial par équipe en 2002 et d’obtenir deux titres de champion de France en 2004 et 2005.
C’est depuis une vingtaine d’années que Thierry Basset eut l’idée de créer une petite formation civile à deux hélicoptères, dans la pure tradition des ballets aériens qui avaient existé par le passé, tels les « Grasshoppers » hollandais et les « ASPA » Espagnols, plus contemporains… Se cherchant un équipier, avoir recours a Koy s’est rapidement imposé comme une évidence. « Koy n’était pas qu’un excellent pilote » exprime Thiery «ce fut un des pilotes les plus talentueux et les plus rigoureux de sa génération… » Il acceptera avec enthousiasme de se joindre à l’aventure pour assurer le très difficile rôle d’ailier.
Un tango qui dure depuis 20 ans !
Très maniable, évoluant dans un mouchoir de poche, l’hélico se prêtant merveilleusement bien à des pas de danse, c’est sur un air de tango tout en nuances et en contrastes mis en scène par la chorégraphe Claire Van Vlamerthingue, que le duo Tango Bleu, dans un ballet aérien bien rôdé a été présenté des centaines de fois devant le public des plus grands meetings Européens.
A chaque présentation, l’émotion distillée par les évolutions teintées d’une réelle sensualité, soulignées par la musique originale de Denis Verdier, faisait oublier la technique et la virtuosité des pilotes, en exprimant la magie de cette danse de salon, où la scène est infinie et les figures sans cesse renouvelées.
« Scrupuleux, consciencieux et précis, Koy ne laissait rien au hasard, répétant inlassablement chaque seconde de la « musique » jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement maîtrisée » ajoute Thierry. Ainsi, les séances de travail et les répétitions étaient interminables et se prolongeaient bien au-delà du suffisant pour atteindre l’excellence.
« Dans chaque entraînement ou présentation, chacun de nous confiait sa vie à l’autre… » ajoute encore Thierry «… une seule erreur de l’un de nous deux et nous n’avions aucune chance de nous en sortir, lui comme moi… J’avais conscience que j’avais la vie de Koy entre mes mains… hier, pourquoi n’ai je pas eu ce pouvoir ? »
Philippe Chetail