Nous avions appris il y a quelques semaines déjà que le défilé 2024, du fait de la proximité de l’organisation des Jeux Olympiques “PARIS 2024”  et des infrastructures en construction sur l’avenue des Champs Elysées, allait prendre une tournure inhabituelle, tant en matière de lieu que de volume global de la cérémonie. L’annulation pure et simple de la présentation des troupes mécanisées montre la réduction drastique de l’événement cette année… Rassurons nous toutefois, dans le ciel Parisien, les aéronefs des 3 armées seront bien au rendez-vous, même si le format a été ici aussi copieusement réduit.  Pour cette édition, une double thématique s’est imposée : « l’olympisme et les armées » d’une part et les 80 ans de la Libération de la France d’autre part. Plongeons nous au coeur des répétitions du dispositif aérien.
 
Il faut remonter à 1979 pour trouver trace d’un défilé hors des Champs-Élysées, entre les places de la République et de la Bastille précisément. Comme les années précédentes, la cérémonie débutera place Charles-de-Gaulle, avant d’emprunter l’avenue Foch pour un défilé plus court d’un tiers. Par ailleurs, et c’est un point nécessitant une attention particulière, la séparation des unités devant la tribune présidentielle s’opérera dans un espace beaucoup moins large que celui offert place de la Concorde. L’entraînement lors des jours précédents tiendra compte de ces paramètres. De fait, le millésime 2024 devrait se caractériser par une proximité, une intimité inédite avec le public, ce qui va lui conférer une dimension particulière. “Dans ce contexte, il a fallu nous adapter…” explique le Général Christophe Abad, Gouverneur Militaire de Paris, ” pour ne pas dire nous réinventer, d’autant que la proximité avec les Jeux olympiques et paralympiques nous impose de limiter à 4 000 le nombre de défilants et de renoncer au défilé motorisé. Les défilés avions et hélicoptères sont en revanche conservés.”
 
Et pour ce faire des répétitions s’avèrent indispensables. Ainsi, en ce mercredi 3 juillet dans la matinée, au-dessus de la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy se sont déroulées, comme chaque année depuis maintenant 4 ans, les répétitions du défilé aérien, édition 2024. Un exercice un peu plus complexe que les années précédentes du fait des nouveautés, auxquelles les équipages ont du s’adapter…  hélicoptères de tous types,  avions de chasse Rafale et Mirage 2000,  Patrouille de France… se sont prêtés à l’exercice et manifestement les aviateurs ont parfaitement rempli la mission, leurs appareils passant à la seconde près à la verticale du seuil de piste de la BA 123, simulant aujourd’hui la tribune présidentielle.
 

Patrouille de France et Rafale se préparent pour participer à la répétition du défilé, sur la BA 123 d’Orléans-Bricy. © E.Tseng-King – Armée de l’Air et de l’Espace

Le défilé militaire  aura donc  lieu sur les pavés de l’avenue Foch au lieu des Champs-Élysées, pour la seconde fois de son histoire. Si ce nouveau “terrain de jeux” n’est pas forcément très bon pour les paturons des 162 chevaux de la Garde Républicaine qui vont descendre l’avenue, il présente également quelques inconvénients pour les machines volantes. A commencer par l’axe de présentation tel que nous le nommons en meeting aérien, qui présente une différence notoire entre les deux avenues,” obligeant les pilotes à effectuer une altération de cap de 150 degrés pour s’aligner sur l’avenue Foch”. C’est en ces termes que le précise le général de division aérienne Stéphane Groën qui a la charge cette année de coordonner les opérations aériennes du défilé, dans une interview à un confrère de la Nouvelle République du Centre.

Un A 400M Atlas prend des forces sur le tarmac de Bricy à quelques minutes du décollage pour la répétition. © Armée de l’Air et de l’Espace

Jusqu’à aujourd’hui, les appareils sortaient des circuits d’attente situés dans l’ouest parisien et ils s’alignaient ensuite sur la Défense (l’Arche étant un repère bien visible …), survolaient l’Arc de Triomphe, descendaient les “Champs”, puis rapidement surgissait la tribule présidentielle au centre de la place de La Concorde. Peu de chance de se tromper ! Là, le serpentin  va se présenter par l’Est de la capitale en utilisant d’autres points de repère, identifiés en amont par des hélicoptère. Il fallait convenir de points de repère facilement identifiables pour éviter d’ajouter de la difficulté à celle qui existe déjà, d’autant que l’avenue Foch but ultime de ce repérage, très arborée, moins large et moins longue  est aussi moins facilement identifiable  que la plus belle avenue du Monde.

Cette année, si on ne peut pas réellement parler d’innovation il est quand même une surprise de taille : Ce n’est pas la PAF qui ouvre le défilé… Les “scénaristes” militaires ont décidé de débuter par les avions les plus lents, suivis par les hélicoptères, des avions lourds puis des chasseurs … et c’est seulement en clôture que le drapeau tricolore sera déroulé par la PAF qui nous réserve d’ailleurs une belle surprise… encore inédite dans le défié du 14 juillet…   

Les Forces Aériennes Stratégiques (FAS) qui fêtent leurs 60 ans en 2024 seront bien représentées dans le défilé avec la présence de 6 Rafale B de la 4e escadre, d’ 1 MRTT Phénix et 1 C135 de la 31e escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique. © A Paringaux

Au total, 23 hélicoptères et 45 avions défileront le 14 juillet, beaucoup moins que les années précédentes, où la parade aérienne comptait une trentaine d’hélicos et 65 avions. “La voilure a été réduite”, confirme le Général Groën, “mais le défié n’en sera pas moins beau”. Manifestement, la prestation a plu au général note notre confrère dans son article en reprenant ses propres termes : “J’étais très content. Il faut appréhender le défilé aérien du 14-Juillet comme une opération militaire. Cela se planifie depuis déjà plus de dix mois, dans un contexte inédit, lié aux Jeux olympiques. L’idée est de s’assurer que les équipages ont bien appréhendé les procédures dans les circuits d’attente, les procédures d’intégration, la prise d’axe, la tenue de formation. Et ensuite passer à la verticale de la tribune présidentielle qui, aujourd’hui, était simulée par le seuil de piste de la base de Bricy, avec une marge d’erreur de plus ou moins trois secondes. Ce qui demande énormément de rigueur et d’excellence. Mais tous nos équipages, qu’ils soient de l’armée de l’air et de l’espace, de la Marine, de l’armée de terre, des douanes ou de la gendarmerie, sont des aviateurs aguerris. Aujourd’hui, ils ont tous atteint le niveau de précision et d’excellence qui était attendu de leur part, ils sont tous passés avec plus ou moins trois secondes sur le seuil de piste d’Orléans.”

Le général de division aérienne, Stéphane Groën, est responsable du défilé aérien du 14 juillet 2024.© Alban Gourgousse

L’ultime répétition se déroulera le 10 juillet, en conditions quasi réelles au-dessus de l’Arc de Triomphe. Ce dernier essai avant le passage devant le président de la République permettra de valider définitivement la position de chaque avion dans son dispositif. Il se fera uniquement avec les leaders des différents tableaux et formations composés de 3 à 5 avions.

Quelques repères horaires pour le défilé aérien :

Ph. C

Sources : La République du Centre – article d’Alban Gourgousse et  Ministère des Armées – Photos AAE

Photo de Une : Hervé Godard – Défens’Aéro