Alors que notre pays tout entier vit dans l’incertitude de ce que sera son avenir, auquel s’ajoute le spectre d’un nouveau confinement qui aurait une nouvelle fois pour conséquence de geler les initiatives et nombre d’évènements, on peut se demander quelle peut être la réaction d’une association de défense et de promotion de l’activité telle que la nôtre, dont l’objectif initial est bien de lutter pour défendre les meetings aériens… promis aujourd’hui à un avenir incertain.
Ces annonces, distillées au compte-goutte par un gouvernement hésitant dans le choix des meilleures dispositions qui pourraient enrayer la propagation du virus et de ses variants, commencent à produire leurs premiers effets dans le (petit) monde du spectacle aérien, jetant le doute dans l’esprit des organisateurs de l’opportunité d’aller plus loin dans la mise en oeuvre d’un meeting cette année, et repoussant une fois encore la possibilité de débuter ou poursuivre les entrainements des pilotes de présentation, … en tous cas, très certainement venant alimenter la morosité ambiante dans le milieu.
Il ne se passe pas une journée sans que nous soyons interrogés par tous ces acteurs qui viennent puiser des renseignements, obtenir notre avis sur ce que nous pensons de la suite, et du début de la reprise de l’activité… “Que va t’il se passer en mai, juin, voire juillet ?” … “Pourra t’on maintenir notre évènement tel que nous l’avons prévu sur ces premiers mois, inscrit au calendrier, voire annoncé via les réseaux sociaux ou par communiqués rendus publics ?”
N’ayant pas non plus de lisibilité sur les mois à venir et la boule de cristal refusant de se prononcer, comment répondre à ces questionnements alors que les indicateurs qui nous parviennent ne sont pas vraiment en faveur d’une reprise des rassemblements de public dans la première moitié de l’année ? Comment être rassurants alors que nous savons que les Préfets, dans d’autres domaines d’activités, commencent à émettre des avis défavorables pour des salons, festivals, compétitions sportives et autres manifestations faisant appel au public ? Plus inquiétant encore, la décision d’organisateurs de meetings positionnés en septembre de reporter une nouvelle fois leur date, et même de l’annuler et penser à la repositionner en 2022.
Allons-nous nous aussi, alors que nous animons un dispositif de défense de notre activité, nous laisser envahir par le doute ? allons-nous baisser les bras et donner raison aussi aux détracteurs de tous bords, dont le but, en agissant au pire moment de nos difficultés, est bien de détruire tout ce qui a trait à l’aérien, sans oublier de jeter tout ce qui anime notre action… avec l’eau du bain ?
Laisserons-nous également le confinement envahir notre esprit ?
Nous n’avons pu nous résoudre à renoncer, et depuis le tout début de l’année 2020, alors que des menaces et pressions de groupuscules pseudo-écologistes manipulés s’affirmaient, nous nous sommes mobilisés pour apporter notre pierre à l’édifice de défense qui se mettait en place, persuadés que notre combat pourrait servir et peser dans la balance. Plus que nous plaindre et comparer notre activité à d’autres, bien plus polluantes mais moins décriées, nous avons imaginé que nous inscrire dans une démarche visant à rétablir une certaine vérité et à préparer la reprise, serait bien plus profitable.
Inciter les organisateurs à être soucieux de l’environnement…
Si tant est qu’il faille attaquer le mal à la racine… comment pouvions-nous, à notre niveau, en minimiser les effets ? Ainsi, dès l’apparition de la “menace” au tout début de 2020, nous avons sollicité la Commission meeting de l’Aéroclub de France, dans laquelle siègent nombre de membres de FSA, pour que ses forces vives réfléchissent et envisagent la publication d’un document explorant un certain nombre de pistes, tel un référentiel de bonnes pratiques visant à préserver un maximum l’environnement dans l’organisation d’un spectacle aérien.
Ce référentiel serait destiné aux organisateurs soucieux de rendre leur évènement plus éco-responsable et opposable aux assauts des élus réticents, activistes et riverains virulents. Une petite équipe, par ailleurs sensibilisée aux problèmes de sauvegarde de l’environnement, s’est constituée et œuvre depuis presque un an autour de ce thème, dans le but de publier le guide souhaité avant le mois de mai prochain.
L’édition d’un guide sanitaire
Dès le mois de septembre, la seconde étape, directement liée aux multiples rebonds prévisibles de la crise sanitaire, nous a poussé à une réflexion dans le même esprit que la création du document ci-dessus, en collaboration avec l’agence CISPE, référence en matière de sécurité des grands événements. Cette réflexion nous a conduit à l’édition d’un Guide Sanitaire, toujours à l’usage des organisateurs souhaitant anticiper les demandes des autorités de tutelle (Préfets) lors de la constitution de leur dossier de demande de manifestation aérienne (bientôt officiellement rebaptisée Spectacle Aérien Public ou S.A.P dans la prochaine réglementation interministérielle publiée par la DGAC, venant suppléer à l’Arrêté du 4 Avril 1996.). Ce guide, dont la rédaction a été terminée fin décembre, a été dévoilé dans le courant du mois de janvier 2021.
L’étude d’impact économique et stratégique des spectacles Aériens
Le bashing dont fait l’objet l’aérien décrit plus haut auquel s’est ajouté l’avis tranché de certains représentants de l’Etat prétextant, sans arguments chiffrés, le manque d’intérêt des meetings pour l’économie locale, loco-régionale, voire nationale, nous a conduit aussi à diligenter, en partenariat direct et co-financé par l’Aéro-club de France, une étude d’impact économique et stratégique des spectacles Aériens. Cette réflexion, confiée à la Chaire Pégase de l’Université de Montpellier (MBS Montpellier Business School) est destinée à informer les plus hautes autorités de l’Etat de l’importance économique mais également stratégique de notre activité, dans laquelle les valeurs ne seront pas oubliées… Coordonnée par FSA, elle va se traduire par de nombreux audits des différents acteurs de la filière hexagonale et européenne, pour aboutir à une publication avant l’été 2021.
La création d’un groupe de travail Sécurité des Vols
Attentif aux conditions de la reprise de l’activité aussitôt que les mesures liées aux rassemblements de public seront assouplies et fidèle à son objectif de promotion de la sécurité des spectacles aériens et plus particulièrement des présentations en vol, FSA réfléchit à la constitution d’un nouveau groupe de travail lié à cette problématique. Ce groupe « SV » est actuellement en cours de constitution.
Nous sommes persuadés que l’action, outre d’offrir un réel bouclier contre la mélancolie, est la meilleure réponse que nous pouvons apporter aussi à l’ensemble des détracteurs dont l’aviation en général fait l’objet et notre activité en particulier. Cette volonté permet de réfléchir à des solutions aux multiples problèmes auxquels nous sommes confrontés actuellement. Nous sommes convaincus également que seuls, nous ne parviendrons pas à renverser la tendance et que tenter une fois encore, de fédérer, outre de créer un creuset d’idées destiné à alimenter une démarche commune, peut faire gagner beaucoup de temps dans la mise en place de la réaction.
Pour cette raison nous avons insufflé l’idée à l’Aéro-club de France de créer un groupe de travail, dénommé Comité Stratégique, composé des principaux opérateurs des meetings aériens sur le territoire…(Fondation des Ailes de France ex Fondation Armée de l’Air, DGAC, CNFAS, SIAE, AéCF et FSA…). Ce Comité Stratégique, qui pourrait se renforcer d’un représentant de l’Aéronavale et de divers consultants (éthique, préservation de l’environnement…) devrait se réunir une seconde fois au printemps, pour définir la meilleure façon de se mettre en ordre de marche et répondre aux assauts actuels visant à détruire la filière.
“Ne cédons pas au dogmatisme ou à la tentation du bouc émissaire… » écrivent Catherine Maunoury et Bertrand Piccard dans une chronique en fin d’année 2020… « Nous sommes au début d’une nouvelle page de l’histoire et l’écrire prendra un certain temps. Mais aujourd’hui, comme il y a un siècle, nous avons tous ensemble la chance unique de construire l’aviation de demain, ne la laissons pas passer ! »
Philippe Chetail